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Economie

L’urgence d’un caucus patronal fort

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Face à la crise du Covid-19, l’Etat a demandé aux entreprises d’arrêter de licencier. Cependant avec les vagues successives de cette pandémie, les entreprises sénégalaises sont au bord de la rupture et les pertes d’emplois massifs sont à craindre. L’Adpme, par la voix de directeur, tire déjà la sonnette d’alarme ; 90% de nos Pme et Tpe sont impactés d’une manière ou d’une autre. Malgré la mise en œuvre d’un plan de résilience de plus de 1 000 milliards de F Cfa, la relance et la transformation de l’économie du pays tarde toujours et ce n‘est pas les plus jeunes qui diront le contraire. Ils ont exprimé à leur manière leur ras-le-bol durant les manifestations que le pays a connues récemment.
L’emploi, toujours l’emploi, semble aujourd’hui être le leitmotiv. On n’en créera jamais suffisamment dans notre pays où 200 à 300 mille jeunes investissent chaque année le marché de l’emploi.
Avec 400 millions de sa population âgés de 15 à 30 ans, l’Afrique a la population la plus jeune au monde. Selon le rapport Perspectives économiques en Afrique, établi en 2019 notamment par la Banque africaine de développement (Bad), le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), la Commission économique pour l’Afrique (Cea) et l’Organisation de coopération et de développement économiques des pays industrialisés (Ocde), ce chiffre devrait doubler d’ici 2045.
La jeunesse de la population africaine est-elle une bombe ou une opportunité dépendra de la réponse réservée par l’élite politique africaine à cette question urgente, difficile et compliquée.
La transformation structurelle imposée par une économie globalisée sans frontières, les mutations technologiques souvent brusques et destructrices de main-d’œuvre, le secteur informel omniprésent, le manque de régulation tous azimuts de nos économies, les changements climatiques et les systèmes de formation et d’apprentissage rigides laissent peu de marge de manœuvre aux Etats, même les plus interventionnistes et volontaristes.
Les jeunes sont le vivier de compétences dont les entreprises ont et auront besoin pour produire et croître. Donner des perspectives d’avenir aux jeunes et ne pas les sacrifier est la meilleure garantie pour préserver nos futurs relais de croissance, car ils sont les producteurs et consommateurs de demain.
Aussi, il serait rédhibitoire de croire que seul l’Etat doit apporter la solution. Les entreprises du secteur privé créent de la richesse et donc de l’emploi. L’emploi se crée dans les secteurs primaire, secondaire et tertiaire autour d’un environnement propice que la puissance publique doit instaurer.
Au Sénégal, trouver un interlocuteur unique ou simplement une voix bien articulée dans nos divers et différents syndicats patronaux reste quasiment impossible.
Regardons la France qui est la 6e puissance économique mondiale, selon la Banque mondiale et le Fmi, et la 2e puissance économique en Europe derrière l’Allemagne avec un Pib de 3 000 milliards de dollars, ne compte que le Medef comme regroupement de ses patrons, entrepreneurs et chefs d’entreprise. Ce qui donne une force et une crédibilité au patron des patrons de ce pays. On lui déroule le tapis rouge à l’Elysée. Il est systématiquement consulté sur tous les sujets et son organisation est un rouage essentiel à tous les stades de gestion des affaires de la France.
Chez nous au Sénégal, un pays avec un Pib de moins de 25 milliards de dollars, nous comptons au moins 10 organisations de patrons ou organisations d’entrepreneurs ou organisations d’industriels ou organisations de commerçants. Le plus cocasse est que deux organisations parmi les plus représentatives, à savoir le Cnp et la Cnes, ne songent pas aux vues de multiples défis : des parts de marché de leurs membres qui se réduisent avec la razzia des Chinois, Turcs, Indiens etc. de se constituer en un bloc serré pour rééquilibrer en faveur des nationaux.
Après plus de 60 ans d’indépendance, les entreprises de la métropole, pour ne pas dire de la France, caracolent toujours en tête en termes de chiffres d’affaires et bénéfices. Des pans entiers de nos économies comme la banque sont toujours aux mains de capitaux étrangers. Je ne parle pas de l’assurance et de la pharmacie. Même la manutention portuaire, un secteur ultra lucratif, reste aux mains de patrons métropolitains. Que dire de ce méga-projet de Ter avec 700 milliards alloué à des étrangers.
Il est urgent de mettre en œuvre un vrai caucus de tout le système patronal autour d’une organisation faîtière forte et représentative afin que nos autorités trouvent un interlocuteur légitime et capable de discuter business. La solution de la lancinante question sur l’emploi des jeunes passe par-là.
Moustapha DIAKHATE
Ex Cons Spec. Premier Ministre  
Membre Cabinet Presi Cese

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