Connect with us

Diplomatie

Economie, tourisme et diplomatie : Pour le Tour de France, partir de l’étranger devient une norme

Le Tour d’Italie est parti de Budapest. Le Tour d’Espagne partira d’Utrecht et le Tour de France s’apprête à s’ébranler depuis Copenhague, qui aurait été ville-départ en 2021 sans le Covid-19, remplacée pour leur plus grand bonheur par Brest et la Bretagne. On entend déjà les grincheux, qui n’ont rien contre la Hongrie, ni les…

Published

on

Economie, tourisme et diplomatie : Pour le Tour de France, partir de l’étranger devient une norme

TOUR DE FRANCE 2022 – A Copenhague, ce vendredi, ce sera la 24e fois que le Tour de France part de l’étranger. Une exception en passe de devenir une règle.,

Le Tour d’Italie est parti de Budapest. Le Tour d’Espagne partira d’Utrecht et le Tour de France s’apprête à s’ébranler depuis Copenhague, qui aurait été ville-départ en 2021 sans le Covid-19, remplacée pour leur plus grand bonheur par Brest et la Bretagne. On entend déjà les grincheux, qui n’ont rien contre la Hongrie, ni les Pays-Bas ni le Danemark mais se lamentent : « Ce n’est plus le Tour de France !« 

Que leur répondre, sinon que cette indignation chronique dure depuis soixante-huit ans ? En 1954, le Tour de France, qui avait déjà fait étape à Genève en 1913 (on ne comptera pas les incursions dans l’Alsace-Lorraine occupée), était parti d’Amsterdam. Quand on a une merveille nationale, pourquoi se priver de l’exporter ?

En 1909, Henri Desgrange avait caressé ce vœu, écrivant dans L’Auto : « N’ai-je pas rêvé (…) que l’an prochain le ‘Tour de France’ (les guillemets sont de lui) pourrait bien passer de Nice à Tunis pour s’en aller jusqu’à Alger et revenir par Perpignan ? » Certes, l’Algérie et la Tunisie étaient alors françaises mais le père-fondateur voyait bien au-delà des frontières.

Tour de France

Copenhague, ville départ du Tour et capitale mondiale du vélo

IL Y A 5 HEURES

  • Regardez le Tour de France en direct sur Eurosport à partir de vendredi 1er juillet

Henri Desgrange dans son bureau.

Crédit: Getty Images

Déjà onze (et bientôt treize ?) depuis l’an 2000

La demande est si forte que, depuis 1954, le grand départ a été donné vingt-trois fois de l’étranger, en comptant Monaco : six fois des Pays-Bas (en plus d’Amsterdam, Scheveningen, Leiden, s’Hertogenbosch, Rotterdam et Utrecht) ; cinq fois de Belgique (Bruxelles et Liège deux fois, Charleroi) ; quatre fois d’Allemagne (Cologne, Francfort, Berlin, Düsseldorf) ; deux fois de Luxembourg ; deux fois d’Angleterre (Londres et Leeds) ; une de Suisse (Bâle), d’Espagne (Saint-Sébastien) et d’Irlande (Dublin).

On y ajoute donc Copenhague et le Danemark, pour lesquels le débarquement du Tour du 1er au 3 juillet constitue un événement majeur sur lequel s’était même attardée le 31 décembre, dans son message de vœux, la reine Margrethe II : « Cet été, la plus grande course cycliste au monde, le Tour de France, couvrira plusieurs étapes au Danemark. Le départ sera à Copenhague, et le voyage ira de Roskilde sur le pont du Grand Belt et se terminera à Sønderborg. Ce sera un grand événement où nous pourrons également montrer à quel point c’est merveilleux le Danemark. »

Deux mois plus tard, la reine Margrethe, 82 ans, célèbrera ses cinquante ans de règne. On verra si, en termes de popularité, les Danois égalent les Anglais d’Elizabeth II qui, de Londres à Leeds, avaient fait un triomphe au Tour en 2007 et 2014.

L’incroyable foule sur l’étape Cambridge-Londres lors du Tour 2014.

Crédit: Getty Images

Pour le pays qui accueille et pour le Tour, c’est gagnant-gagnant ou, comme on dirait désormais dans le peloton, « win-win » : le Tour va faire sa publicité hors des frontières, justifiant son caractère international, et l’excellence de son organisation lui assure un succès total. Il ne manque plus que le couronnement de l’Unesco.

En échange, les pays qui l’accueillent bénéficient d’une formidable publicité pour leurs villes, leurs paysages, leurs routes, leur gastronomie, etc. Quelle campagne publicitaire plus efficace ? Au passage, la France prend aussi quelques leçons, par exemple en matière d’aménagements routiers et de pistes cyclables. La preuve en est encore venue des routes de Hongrie pendant la deuxième étape du Giro en mai : on a vu des cyclistes amateurs tenter de suivre en toute sécurité le peloton pendant des dizaines de kilomètres, sur des pistes larges et bien balisées, les coureurs échangeant même des signes amicaux avec leurs accompagnateurs éphémères. Sur quelle route peut-on faire cela en France ?

Si l’on doit émettre une réserve, c’est sur la multiplication des départs de l’étranger : deux dans les années 1950, un dans les années 1960, trois dans les années 1970, quatre dans les années 1980, trois dans les années 1990 mais onze depuis l’an 2000 (2002-2004-2007-2009-2010-2012-2014-2015-2017-2019-2022), en attendant Bilbao en 2023 et, sous réserve de confirmation, Florence en 2024 (le grand départ n’a jamais été donné en Italie) avec une possible arrivée finale à Nice, quelques jours avant les J.O. de Paris, selon la Gazzetta dello Sport. C’est peut-être un peu trop et il ne faudrait pas que l’exception devienne la règle.

La Grand-Place de Bruxelles en fête pour le départ du Tour en 2019.

Crédit: Getty Images

Deux ans avant la chute du mur

Au-delà de l’aspect économique et touristique, les départs de l’étranger peuvent aussi jouer un rôle politique : quand, en 1987, le Tour part de Berlin-Ouest, le message est clair. Le bourgmestre berlinois, Eberhard Diepgen, compare ce départ à « un oasis de liberté dans le monde communiste » tandis que Jacques Chirac, est venu donner le départ en tant que Premier ministre français, adresse devant le Reichstag un message à Mikhaïl Gorbatchev, alors maître à Moscou : « Comment mieux montrer qu’un esprit nouveau règne en Europe qu’en détruisant les obstacles qui empêchent aujourd’hui (…) les citoyens de ses rencontrer comme ils le veulent et où ils le veulent ? »

L’idée d’une incursion à Berlin-Est avait évidemment effleuré l’esprit des organisateurs. L’un d’eux, Xavier Louy, raconte dans son livre Sauvons le Tour! que l’idée avait été transmise aux autorités de l’Est par Michel Zilbermann, conseiller aux sports de Georges Marchais, secrétaire général du Parti communiste français. Margot Honecker, ministre de l’Education et épouse d’Erich Honecker, président de la RDA, était pour. Comme dit-on, Gorbatchev, tout à ses ambitions d’ouverture. Mais les instances du parti communiste est-allemand avaient finalement dit « nein ». Dommage pour le symbole. Les coureurs avaient donc vu l’Est de loin. La moitié du peloton était quand même aller uriner le long du mur avant le départ de l’étape, une manière comme une autre de commencer une destruction qui interviendra deux ans et quatre mois plus tard.

Ironie du sport : en repartant de Berlin, c’est le Polonais Piasecki qui portait le maillot jaune, inspirant ce titre à L’Equipe : « Piasecki passe à l’ouest. » Ce résultat avait sans doute ravi le pape polonais Jean-Paul II, qui priait (et pas seulement) pour la fin de l’Union soviétique. Comment ne pas rêver qu’un jour, pour saluer le retour de la paix en Europe, le Tour puisse partir de Kiev ou de Marioupol ?

Le grand rituel du Tour 1987 à Berlin : poser devant le Mur. Il sera démoli deux ans et demi plus tard.

Crédit: Getty Images

Tour de France

Gaudu « leader unique », Pinot son « ange-gardien »

IL Y A 6 HEURES

Tour de France

« On a un an pour faire le jeu vidéo » : comment se passe le développement de Tour de France 2022

IL Y A 8 HEURES

Continue Reading
Comments
Pulicité