Connect with us

Religion

En Cisjordanie, les fermes pastorales, nouvel outil d’expansion des colons

LUCIEN LUNG / RIVA-PRESS POUR « LE MONDE » International Géopolitique Par Louis Imbert Publié le 17 mars 2023 à 18h46, mis à jour à 03h56 Article réservé aux abonnés EnquêteLes colonies israéliennes se servent désormais de bergeries pour étendre leur surface au détriment des villages palestiniens, de plus en plus enclavés et privés de leurs pâturages.…

Published

on

En Cisjordanie, les fermes pastorales, nouvel outil d’expansion des colons
Colonie de Kedar, le 27 fevrier 2023. Au second plan, la colonie de Ma'ale Adumim. © Lucien Lung pour « Le Monde »
LUCIEN LUNG / RIVA-PRESS POUR « LE MONDE »
  • International
  • Géopolitique

Par Louis Imbert

Publié le 17 mars 2023 à 18h46, mis à jour à 03h56

Article réservé aux abonnés

EnquêteLes colonies israéliennes se servent désormais de bergeries pour étendre leur surface au détriment des villages palestiniens, de plus en plus enclavés et privés de leurs pâturages. Ce phénomène, qui s’est accéléré depuis 2017, est conforté par l’arrivée de l’extrême droite au nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou.

Les enfants du hameau palestinien de Touba rentrent de l’école. En ce début du mois de mars, Issa Awad, le plus âgé d’entre eux, ferme la marche du haut de ses 14 ans. Ils sont escortés par des soldats israéliens jusqu’à des hangars à poulets, en bordure de la colonie de Ma’on, située à quelques kilomètres d’Hébron, à l’extrême sud de la Cisjordanie occupée. Voilà près de vingt ans que l’armée a pour ordre de protéger les écoliers des colons qui les harcèlent.

Issa hésite avant de descendre le vallon qui mène à la ferme de ses parents. En contrebas, deux bergers israéliens encapuchonnés, masqués et armés de bâtons, guident des moutons dans un champ d’orge jeune, qui appartient à sa famille. Les bêtes épuisent ce coin de verdure niché dans les collines arides de la région de Massafer Yatta : un paysage lunaire toute l’année, sauf durant ce mois resplendissant de printemps.

Depuis qu’une bergerie israélienne s’est installée non loin de chez eux, en 2020, Issa et les siens sont attaqués presque chaque jour par des bergers armés. Ils accaparent leurs pâturages, les privant de ressources. Issa affirme qu’à l’automne 2022, le propriétaire a tiré au pistolet entre ses jambes, à moins d’un mètre de distance, alors qu’il gardait le troupeau. Sa famille se dit au bord de la faillite.

A l’entrée de la colonie de Keidar, un panneau prévient que « l’entrée est soumise à un contrôle de sécurité et à la présentation d’un permis d’armes à feu valide ». En Cisjordanie, le 27 février 2023.

Les fermes de colons se multiplient partout en Cisjordanie. Depuis 2017, il en a poussé plus de cinquante, au mépris du droit international et du droit israélien, entraînant une expansion des colonies sans précédent. Ces fermes ont prospéré durant une période de faible pression internationale, sous l’administration américaine de Donald Trump (2017-2021). L’arrivée au pouvoir, en décembre 2022, du nouveau gouvernement de Benyamin Nétanyahou – le plus à droite qu’a connu Israël – représente une occasion historique aux yeux des promoteurs de la colonisation.

Entreprise planifiée

Cette vaste entreprise est planifiée, notamment par Amana, une coopérative de bâtiments et travaux publics qui finance les instances représentatives des colons et jouit d’excellents relais au sein de l’Etat. Amana choisit les implantations des fermes, les fournit en personnel, les aménage et les équipe. Le patron de la coopérative, Ze’ev « Zambish » Hever, s’est félicité, en février 2021, de son succès. Lors d’une rarissime conférence publique, cet homme secret, au passé terroriste (en juin 1980, il a tenté de placer une bombe sous la voiture du maire palestinien de Bethléem), raisonnait en ces termes : « Construire n’ajoute que peu de terres : en raison de mises en œuvre et de développements coûteux, nous [n’]avons obtenu [que] 100 kilomètres carrés en cinquante ans [de colonisation]. Grâce aux fermes pastorales, ces trois dernières années, nous avons atteint les régions les plus lointaines : aujourd’hui, leurs pâturages couvrent une surface près de deux fois plus grande que celle des communautés bâties. »

Il vous reste 85.84% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Lecture restreinte

Votre abonnement n’autorise pas la lecture de cet article

Pour plus d’informations, merci de contacter notre service commercial.

Continue Reading
Comments