Quelques heures ont suffi à la plupart des solitaires pour « récupérer » après le passage d’une belle dépression australe : il faut maintenant « allumer » sur une mer qui se range progressivement pour viser le point le plus bas en latitude de la Zone d’Exclusion Antarctique (ZEA) avant de franchir la longitude du cap Leeuwin, dimanche soir ou lundi matin pour le leader, Charlie Dalin.
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Le coup de vent de ces derniers jours a semble-t-il laissé des traces et la vitesse du leader Charlie Dalin (Apivia) laisse penser que des problèmes techniques limitent quelque peu ses possibilités d’envoyer « du lourd ». Derrière, le « dauphin » Thomas Ruyant (LinkedOut) tente de rattraper son retard, mais avec le foil bâbord tronqué, les vitesses ne peuvent atteindre leur optimum. C’est donc dans le « groupe des chasseurs » que le rythme s’est nettement accéléré avec une mer bien chaotique il y a encore quelques heures, en cours d’apaisement.
Une météo plus sereine
Yannick Bestaven, Jean Le Cam, Benjamin Dutreux, Damien Seguin, Boris Herrmann, et même Isabelle Joschke et Giancarlo Pedote (qui sont un peu décalés en arrière), ne sont pas loin des 20 nœuds ! En fait, ce groupe auquel il faudrait ajouter Maxime Sorel (V & B Mayenne) commence à franchement allonger la foulée…
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Les conditions météorologiques sont assez favorables : pas de coups de chien en vue, pas de mer démontée si ce n’est en approche du cap de Bonne-Espérance (gyres du courant des Aiguilles), et des hautes pressions en place sur le 40e Sud… Cela permet de retrouver enfin de bonnes vitesses et aussi une vie à bord nettement plus « confortable », même s’il reste encore quelques vagues vicieuses, et même si le temps reste gris. Heureusement le week-end s’annonce mieux : le soleil pourrait percer la chape de plomb qui pèse sur les quarantièmes rugissants, et la brise devrait s’assagir pour toute la flotte avec une mer qui permettra de surfer… en direction de la ZEA australienne, par 43° Sud, avec des températures relativement clémentes elles aussi – environ 10° C.
Le deuxième cap de ce tour du monde devrait donc être paré en tout début de semaine, d’abord par le leader actuel, Charlie Dalin, qui semble toutefois peu véloce en ce début de journée : petite brise d’Ouest au lever du jour ou problème technique à résoudre ?
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En tout cas, les poursuivants mettent du « charbon », dans un flux d’Ouest à Sud-Ouest modéré, avec un Yannick Bestaven (Maître CoQ IV, troisième au classement de 4h30) en pleine forme alors que Louis Burton (Bureau Vallée 2, quatrième) affichait des vitesses bien plus modestes, comme Charlie Dalin. Plus au nord, les foilers comme SeaExplorer YC de Monaco (Boris Herrmann), MACSF (Isabelle Joschke) ou Prysmian Group (Giancarlo Pedote) sont un poil plus rapides que leurs aînés tels Yes We Cam ! (Jean Le Cam), OMIA-Water Family (Benjamin Dutreux) ou Groupe APICIL (Damien Seguin). Est-ce enfin le moment où les foils vont faire la différence ?
Gros problèmes d’informatique pour Fabrice Amedeo
Cela pourrait fort bien provoquer un embouteillage le long de la ZEA que tous visent et qu’il faudra longer sans franchir cette ligne de démarcation. Ces moments plus sereins pour les 48 heures à venir ne concernent pas seulement la tête de la flotte : Romain Attanasio (PURE Best Western Hôtels & Resorts) et Clarisse Crémer (Banque Populaire X) s’accrochent en bordure d’anticyclone et devraient plonger un peu vers le Sud-Est avant de toucher le dos d’une dépression peu active dans le Nord-Est de l’archipel des Kerguelen.
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De même, Armel Tripon (L’Occitane en Provence) a de quoi se satisfaire d’un flux de Nord-Ouest qui lui permet de descendre vers la grande île australe française. Certes il est bien seul désormais, mais il a de quoi revenir sur ses devanciers, à 700 milles tout de même de son étrave… Il a fait le « break » vis-à-vis de ses poursuivants puisque Alan Roura (La Fabrique), et derrière, Stéphane Le Diraison (Time for Oceans) et Arnaud Boissières (La Mie Câline-Artisans Artipôle), tentent de se débarrasser d’un anticyclone gluant qui ne semble pas convenir non plus à Manuel Cousin (Groupe SÉTIN)… mais on apprenait surtout ce matin que celui-ci a subi hier une avarie de safran.
Quant à Fabrice Amedeo (Newrest Art & Fenêtres), il se pose des questions sur la suite à donner à son deuxième Vendée Globe : en proie à des problèmes récurrents d’ordinateurs (son deuxième matériel est en rade), le solitaire fait route à petite vitesse vers l’Afrique du Sud et doit prendre une décision ce jour quant à savoir s’il continue « à l’aveugle » ou s’il jette l’éponge à Cape Town… Voici ce qu’il disait à la vacation :
Enfin si Jérémie Beyou (Charal) n’a pas encore débordé le Finlandais Ari Huusela (STARK), cela ne saurait tarder. Très au nord dans un flux de Sud-Ouest, le triple vainqueur de La Solitaire du Figaro devrait fondre sur le Japonais Kojiro Shiraishi (DMG MORI Global One) d’ici la fin de ce week-end.
Pendant ce temps-là, le maxi-trimaran Sodebo Ultim 3, dans sa tentative de record sur le trophée Jules Verne, arrive quasiment à la même longitude que le groupe de tête du Vendée Globe, mais Thomas Coville et son équipage sont nettement plus Sud. Une rencontre devient très improbable…
Sur son monocoque Groupe APICIL, Damien Seguin racontait ce matin les conditions de navigation entre l’île d’Amsterdam et la Zone d’Exclusion Antarctique :
« Bonjour à tous
Le soleil est déjà bien haut dans le ciel sur le bateau Groupe Apicil. Les journées se suivent mais ne se ressemblent pas. À bord, la vie quotidienne oscille entre routine, adaptation et découvertes du Grand Sud. Avec le décalage horaire permanent, il n’est pas évident de trouver le bon rythme, notamment pour se nourrir.
Sur une course transatlantique classique, je ne décale pas les heures des repas et je reste fixé sur l’heure TU. Mais sur ce Vendée Globe, vue la durée de l’épreuve, je suis obligé de m’adapter en fonction des variations jour/nuit. Avec un petit déjeuner de 800 kilos calories, voilà de quoi bien commencer ma journée. Le reste des repas et collations me permettent d’avoir un apport journalier de plus de 5 000 kilos calories, ce qui est important mais nécessaire pour lutter contre le froid, l’humidité et la fatigue.
Avec les petits camarades, nous faisons route plein Est pour rejoindre la zone d’exclusion des glaces (ZEA) au niveau de l’Australie. J’ai encore beaucoup de passages nuageux qui apportent des vents de plus de 30 nœuds ce matin. Normalement cela devrait se calmer au cours de la journée et des prochains jours. »
(Source service presse)
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Vendée Globe. Le leader Charlie Dalin menacé ?Ouest-France.fr