A chaque jour sa secousse, où presque, depuis plusieurs semaines, à la Fédération française de football (FFF). Empêtrée dans une série de dysfonctionnements et quelques scandales, la FFF a été interpellée par Amnesty International, vendredi, dans une lettre ouverte. Au lendemain du match France-Autriche (2-0), l’ONG regrettait le « silence assourdissant » de la fédération et des Bleus « face aux milliers de travailleurs migrants décédés sur les chantiers qataris [du prochain Mondial], et aux milliers d’autres soumis au travail forcé ». Samedi 24 septembre, la FFF a donné sa réponse, agacée, dans un communiqué. Affirmant qu’Amnesty est une « organisation admirable », la fédération a « déploré » une « campagne de stigmatisation ».
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« Libres de s’exprimer ou non, [la FFF et l’équipe de France] n’ont pas attendu l’échéance [du prochain Mondial] pour défendre au quotidien, sur le terrain, et à leur niveau, les droits de l’homme, ainsi que d’autres causes essentielles », avance la fédération. « Participer [à la Coupe du monde] ne signifie pas fermer les yeux et cautionner », explique la FFF.
« Des avancées sociales»
Concrètement, l’instance dirigée par Noël Le Graët prétend avoir « mis en œuvre différentes mesures de vérifications concernant le respect des droits sociaux et l’application de conditions de travail respectueuses sur le camp de base de l’équipe de France » au Qatar.
La FFF estime aussi que « l’organisation de cette Coupe du monde a (…) permis des avancées sociales au Qatar que même certaines ONG reconnaissent, y compris Amnesty International ». « Même si la réalité du terrain n’est pas parfaite, ces progrès sont indéniables et positifs », affirme-t-elle.
Dans sa lettre ouverte, Amnesty montrait en exemple les sponsors de l’équipe danoise de football, qui « ont décidé de supprimer leurs logos des maillots d’entraînement des joueurs pour les remplacer par un message favorable au respect des droits humains au Qatar ».
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Très active sur le sujet à l’approche du Mondial (20 novembre-18 décembre), l’ONG a rendu publique, le 15 septembre, une enquête d’opinion réalisée auprès de plus de 17 000 adultes dans quinze pays (en Europe, aux Etats-Unis, au Mexique, en Argentine, au Maroc et au Kenya). Cette étude précise notamment que plus des deux tiers des sondés (dont 73 % en France) souhaitent que les fédérations nationales de football « s’expriment publiquement sur les affaires relatives aux droits humains » dans le cadre de la Coupe du monde.
Avant le communiqué publié samedi matin, la Fédération française de football s’était toujours refusée à se prononcer sur ce dossier très polémique. Tout juste Noël Le Graët, le président de la « 3F », s’était-il dit « très content [que l’équipe de France] vienne jouer au Qatar » lors du tirage au sort du tournoi, le 1er avril à Doha.
Samedi après-midi, Amnesty International France s’est félicité, dans un communiqué transmis à l’AFP, de la réaction de la FFF : « La FFF sort enfin de son silence sur la question des droits humains au Qatar ! » Jean-Claude Samouiller, président de l’ONG dans l’Hexagone ajoute : « Nous nous réjouissons que la FFF exerce son devoir de vigilance envers les prestataires de services avec lesquels elle sera en lien au Qatar », affirme , président d’Amnesty International France dans ce communiqué.
Le 15 septembre, Amnesty a réclamé la création d’un fonds d’indemnisation pour « les travailleuses et travailleurs dont les droits ont été violés depuis 2010 » dans le cadre des chantiers entrepris pour orgnaisation le Mondial dans l’émirat. « Nous saluons le fait [que la FFF] rejoigne les fédérations (…) qui souhaitent la mise en place » de ce fonds, ajoute également l’ONG.
La question des droits humains au Qatar et le coût environnemental de l’organisation de cet événement dans l’émirat sont les deux principaux sujets mis en avant par les personnalités et organisations appelant à un boycott du Mondial.