Drago Vabec
Brest (1979-1980 puis 1981-1983)
En 1979, Dragutin Drago Vabec est sur les tablettes de Tottenham et du Bayern Munich, mais c’est pourtant sur la cote finistérienne qu’il se pose (contre 660 000 francs), après avoir fait les beaux jours du Dinamo Zagreb en Yougoslavie. L’ailier gauche, aussi à l’aise des deux pieds, va rapidement charmer le public de Francis-Le Blé avec ses dribbles, sa frappe de mule, sa filouterie et son sens du spectacle qui l’amenait à réaliser des gestes fous et imprévisibles. Comme le jour où il joua les toreros face à un fougueux Luis Fernandez de 23 ans, le 15 octobre 1982 lors d’une masterclass face au PSG, alors que les deux joueurs s’étaient chambrés et que le Parisien avait été l’auteur d’un vilain tacle sur le Croate quelques minutes auparavant. « J’étais dans la fosse Foucauld, à quatre ou cinq mètres de Vabec, quand il s’est arrêté, posant le pied sur le ballon, raconte Claude Marzin, supporter historique brestois, dans les colonnes de Ouest-France. C’était sûrement volontaire de sa part de faire ça, là. Juste devant son public. Il a fait un petit geste de la main à Fernandez, pour lui dire « Allez, viens, viens me prendre la balle ». [Fernandez] s’est jeté les deux pieds en avant. Drago a juste poussé un peu le ballon devant lui, s’est écarté, et a laissé Luis terminer sa course en dehors du terrain… » Puis, « sans s’arrêter vraiment » , Vabec se serait retourné pour saluer la foule. « La tribune est partie en vrille, poursuit Marzin. C’était un hurlement monstrueux. On se serait cru dans une arène. » « Il fallait donner du plaisir aux spectateurs même si c’est vrai, je n’ai pas été correct avec Luis Fernandez sur ce coup-là. Mais c’est ça le football… » , racontera Vabec. Il connaîtra avec Brest une descente en deuxième division, une remontée immédiate, et 90 rencontres de D1 au total, pour pas moins de 46 caramels. Définitivement un joueur à part, comme le racontait Alain, l’un des gérants de la page « Ici c’est Brest 2010 » , lors de notre tour de France des supporters : « C’était un régal, ce mec, il a ridiculisé Luis Fernandez, Gérard Janvion. Les gens venaient au stade pour le voir. C’était un joueur extraordinaire comme on n’en verra plus à Brest. »