Une semaine après le Gamou de Ndiassane (ouest), un événement commémorant la naissance du prophète Mouhamed, l’activité commerciale tourne encore à plein régime pour les commerçants étrangers venus écouler leurs marchandises dans cette cité religieuse.
Par tradition, le célèbre « Marché malien » – faussement appelé comme tel, il est en réalité une Afrique de l’Ouest en miniature – continue de recevoir la visite de nombreux clients, après le Gamou célébré samedi 15 octobre.
Yakhoub Seydi, un commerçant mauritanien, se frotte les mains à Ndiassane. Dans cette cité religieuse sénégalaise, il dit se sentir comme chez lui, comme dans sa Mauritanie natale, qu’il a quittée depuis plusieurs jours.
M. Seydi s’installe d’abord à Tivaouane, une ville voisine de Ndiassane. De Tivaouane, il garde le souvenir des nombreuses altercations avec les préposés à la gestion des rues, qui sont prompts à chasser les commerçants des allées de certains endroits.
Le commerçant mauritanien dit avoir subi les tracasseries de certaines municipalités et des douaniers du Sénégal, sur la route de Tivaouane et de Ndiassane. Il déclare avoir payé une taxe douanière de plus de 4 millions de francs CFA à la brigade des douanes de Louga (nord).
A Tivaouane, selon son témoignage, le service chargé de la collecte de la taxe municipale ne lui a pas fait de cadeau lorsqu’il a voulu s’installer dans cette ville et écouler ses marchandises. Yakhoub Seydi se résout ensuite à quitter Tivaouane plus tôt qu’il ne l’avait prévu, pour s’installer à Ndiassane.
Dans cette ville, capitale de la confrérie des khadres du Sénégal, il vient se reposer dans les maisons situées près de la principale artère. Pour se restaurer, il se rapproche des gargotes gérées par des Maliennes et des Sénégalaises. Au fur et à mesure que les jours s’égrènent, il écoule ses marchandises.
La frustration qu’éprouve Yakhoub Seydi est à l’opposé des conditions dans lesquelles la Malienne Fanta Diarra séjourne dans la cité des khadres. Mme Diarra, une habituée de Ndiassane, est assistée de son fils Ibrahima Diarra.
Dans leur stand, les clients trouvent du beurre de karité, de l’encens, des piments en vrac ou en poudre, etc. Depuis presque dix ans, la commerçante venue du Mali vient écouler ses marchandises à Ndiassane, à l’occasion de la célébration du Maouloud. Elle loue l’hospitalité des habitants de la ville, où elle séjourne depuis une dizaine de jours.
Juste derrière son stand, Fanta Diarra aménage une cuisine de fortune. « En venant à Ndiassane, nous avons acheté tous les condiments nécessaires pour nos habitudes alimentaires », dit-elle, se réjouissant de la sécurité du « Marché malien », qu’assurent des gendarmes en faction.
Fanta Diarra a le sourire aux lèvres. Son stand ne désemplit presque jamais. Des commerçants locaux s’y bousculent et repartent avec de nombreux articles.
Penda Ly, une commerçante mauritanienne vendant des tissus, est assistée de ses deux enfants. L’aîné, Abdourahmane Moulay, un étudiant en médecine de l’université Cheikh-Anta-Diop de Dakar, rejoint sa mère et son frère, un nouveau bachelier, pour les aider à écouler rapidement leurs marchandises.
Mme Ly était d’abord au Magal de Touba (centre), la commémoration de l’exil au Gabon du guide soufi Cheikh Ahmadou Bamba (1853-1927), dans la mi-septembre. Elle met ensuite le cap sur Ndiassane pour écouler ses marchandises.
Après avoir fait des études supérieures de finance, Penda Ly parcourt le monde pour proposer ses nombreux articles. Elle dit se préparer pour le Magal de Porokhane, qui va se tenir dans les prochaines semaines dans la région de Kaolack (centre).
Penda Ly, habituée aux foires européennes, de Las Palmas à Bruxelles en passant par Paris et d’autres villes, loue le Seigneur de lui avoir permis de vendre ses marchandises dans plusieurs pays. « Mon seul regret, cette année, est de n’avoir pu vendre même pas un seul mètre de tissu à Tivaouane par crainte des tracasseries administratives », dit-elle.
Un programme dit de modernisation de Ndiassane comprend plusieurs infrastructures à construire, dont un important centre commercial, qui fera peut-être le bonheur des commerçants sénégalais, maliens, mauritaniens…