Coupe du monde 2022 : notre journaliste José Barroso répond à vos questions : «Ils adorent installer un faux rythme.»

C’est possible. Il n’a rien annoncé mais on peut imaginer qu’en cas de victoire il décide de partir par la grande porte. Il a clairement laissé entendre qu’il s’agissait de sa dernière Coupe du monde (il a 35 ans) mais n’en a pas dit plus sur la suite de sa carrière internationale. Plusieurs de ses proches ont évoqué la possibilité d’une telle sortie par le haut, mais lui seul a la réponse. 

Clairement oui. Même si individuellement le grand public découvre pas mal de joueurs sur cette compétition. En 2018, tactiquement c’était assez confus et on attendait de Messi qu’il joue les sauveurs à chaque match. Cette fois, on a une équipe avec un plan de jeu cohérent, adapté aux forces et aux faiblesses de son effectif, qui n’est pas toujours spectaculaire à regarder jouer, mais qui est remarquablement efficace. On pourrait d’ailleurs la comparer sur ce plan à l’équipe de France – individuellement beaucoup plus talentueuse – qui ne cherche pas à faire un hourra football et vise avant tout l’efficacité.

Avec Scaloni, l’Argentine a l’habitude de s’en tenir à son plan de jeu habituel, indépendamment de l’adversaire. On l’a dit, c’est une équipe assez attentiste et qui devrait être fidèle à ses habitudes sur ce plan-là. On aura la réponse en fonction du schéma tactique choisi par Scaloni. Peut-être voudra-t-il renforcer le milieu ou la défense pour apporter un joueur supplémentaire dans la zone de Mbappé. Mais voir Scaloni mettre en place un marquage individuel spécifique sur le joueur du PSG serait une première. 

Comme on l’a dit plus tôt, il n’a pas manqué l’entraînement mais il est resté en salle comme les autres titulaires de la demi-finale. Tout le monde a pu le voir contre la Croatie, il a effectivement une gêne derrière la cuisse gauche, mais cela ne l’a pas empêché de disputer l’intégralité des 90 minutes. Il effectuera sa première vraie séance ce soir et il faudra voir dans quel état il est. Hier soir, dans le camp argentin, il n’y avait aucune inquiétude sur sa présence sur le terrain dimanche.

Dire qu’il le dépassera, ça me semble difficile, Maradona avait une dimension qui allait au-delà du sport et une personnalité bien plus charismatique que Messi. Ce qui est certain, c’est qu’en ajoutant une Coupe du monde après la Copa América l’an dernier, il le rejoindrait certainement tout en haut dans l’histoire du foot argentin, au moins sportivement. Ensuite, le temps fera son oeuvre et il deviendrait rapidement une légende éternelle.

À ma connaissance, ils n’ont rien fait de particulier par rapport à ça et ils n’ont pas été touchés. Le seul joueur diminué ces derniers jours était « Papu » Gomez pour des raisons musculaires. Maintenant, les tests pour le Covid ne sont pas obligatoires sur cette Coupe du monde donc on peut imaginer qu’on ne sait pas tout.

Le fait est qu’ils ont bénéficié de quatre penalties et que chacune de ces actions est sujette à débat. Aucun de ces penalties n’est scandaleux en soi, mais c’est la répétition qui est gênante. Une fois qu’on a dit ça, ces quatre penalties ont eu lieu face à des adversaires différents et avec des arbitres de nationalités différentes. À moins d’imaginer que la FIFA ait donné des consignes pour faire gagner la Coupe à Messi, on entre là dans des réflexions qui relèvent un peu du fantasme… Au premier match, l’Argentine s’est vu refuser trois buts sur hors jeu dont deux pour quelques millimètres. Pour autant, il faudra éviter de tomber dans les provocations des Argentins qui aiment « frotter » et peuvent avoir tendance à tomber facilement, même s’ils ne sont pas les seuls.

On compare avec deux des latéraux les plus rapides au monde. Effectivement, Nahuel Molina est moins explosif et véloce que l’Anglais et le Marocain. Mais il n’en demeure pas moins un défenseur rapide et le duel sera très intéressant à suivre. Encore faudra-t-il voir s’il est titulaire. Aux yeux de Scaloni, Molina et Montiel partent sur la même ligne et il pourrait privilégier le profil plus défensif du second. Ce sera l’une des clés du match, à l’évidence.

En début de tournoi, l’ambassade argentine du Qatar estimait qu’il y aurait entre 30 000 et 40 000 Argentins pendant la compétition. C’est effectivement une des délégations les plus nombreuses. Il y a une vraie tradition là-bas pour ce type de grand rendez-vous. J’ai rencontré pas mal de supporters qui m’ont dit qu’ils avaient économisé pendant des années pour pouvoir être présents. Les débats autour d’un boycott ou sur les questions extra-sportives ont eu très peu d’impact sur leurs déplacements. Le fait qu’il s’agisse de la dernière Coupe du monde de Messi ne fait qu’ajouter aux attentes. Personne ne veut manquer ça. 

Scaloni a été interrogé à plusieurs reprises en conférence de presse sur le sujet. Il a expliqué que c’était un choix tactique. Il l’a fait entrer en fin de match en demi-finales. Mais le fait qu’il l’utilise peu n’est pas une surprise. En sélection, Dybala ne s’est jamais imposé comme un titulaire durable. Je crois qu’il compte une seule titularisation sur ces deux dernières années. 

Difficile de se prononcer… Hier, les Argentins ont effectué leur premier entraînement depuis la demi-finale et les titulaires contre la Croatie, comme Messi, sont restés en salle. Di Maria a effectué la séance normalement. Selon nos informations, il est opérationnel et en mesure de débuter. La question sera donc tactique et dépendra du choix de système opéré par Scaloni. Di Maria présente un profil plus technique et aurait pour conséquence de positionner Messi en « faux » neuf. Mais comme on l’a déjà dit, peut-être Scaloni voudra-t-il densifier le milieu et mettre un profil plus défensif comme Paredes, voire miser sur un match défensif et opter pour une défense à 5. Dans ces deux derniers cas, Di Maria serait une cartouche qu’il pourrait dégainer à tout moment, selon l’évolution du match.

Pour le moment, il y a une réelle incertitude sur ce sujet. Scaloni a utilisé plusieurs organisations depuis le début du tournoi. Trois options sont possibles: un 4-3-3 qui est son schéma « fétiche », dans l’hypothèse où Di Maria serait titulaire ; un 4-4-2 s’il reconduit Paredes au milieu (on peut penser qu’il souhaite apporter de l’agressivité dans le bon sens du terme, dans la mesure où les Bleus sont l’adversaire avec le plus d’impact va affronter depuis le début) ; un 5-3-2 avec Lisandro Martinez comme défenseur axial gauche. A priori ce sera un choix essentiellement tactique.

C’est une bonne question. L’Argentine de Scaloni a un projet de jeu traditionnellement attentiste, ce n’est pas une équipe offensive et spectaculaire. C’est une organisation où chacun a un rôle bien précis et en sort rarement. Ils adorent installer un faux rythme. Son identité colle au profil de Messi à 35 ans, qui n’est plus capable de tenir une haute intensité pendant 90 min. Une stat édifiante: à la Copa América 2021, en 7 matches, ils n’ont eu la possession qu’une fois, contre la Bolivie. Dès lors, il faudra voir surtout quelle sera l’attitude des Bleus. Il est possible, dans la lignée des derniers matches, qu’on assiste au même début de match que Croatie-Argentine, avec un long round d’observation. Le premier but sera capital pour la configuration du match.

C’est Argentine-France. En espérant que cela vous aide!

Il y a une réelle dépendance à Messi, dans le sens où tout le jeu gravite autour de lui. Mais une des différences de cette équipe avec 2018 est qu’à l’époque ils attendaient tout de lui alors qu’aujourd’hui ils sont dans un jeu beaucoup plus attentiste et discipliné. Pour le dire autrement, ils sont capables d’attendre l’adversaire et de le faire jouer en espérant la faute, et ne comptent pas seulement sur un exploit de Messi. S’il fallait choisir entre vos deux propositions, je parlerais effectivement de la lenteur de leur charnière, mais il faut la relativiser avec le fait qu’ils jouent assez bas et avec un minimum de prise de risques. Ce manque de vitesse pourrait s’avérer fatal, par exemple, si les Bleus ouvraient la marque assez tôt. Si l’Argentine arrive à ne pas prendre de but, sa charnière ne sera pas forcément mise en danger car elle pourra miser sur ses points forts (jeu aérien, duels, « chasse » autour de la surface).

Oui naturellement en se retrouvant quatre ans après, il est évident que le 8e de finale de 2018 est encore dans les têtes, des joueurs comme des spectateurs. Maintenant ce sera forcément un match différent. Déjà parce que c’est une finale, ensuite parce que 19 des Argentins disputent leur première Coupe du monde, mais des cadres comme Messi ou Di Maria n’ont évidemment pas oublié la défaite douloureuse de 2018. Cela peut à la fois nourrir un sentiment de revanche mais aussi laisser une certaine appréhension vis-à-vis d’une équipe française qu’ils ont toujours considérée comme un des adversaires les plus redoutables.