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Politique

Tontine Tabaski : épargner pour mieux gaspiller

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Il est clair que les sénégalais sont des as de la débrouillardise. Face à la conjoncture économique, pour célébrer une fête comme la Tabaski, avec son lot de dépenses, ils ont créé les  » Tontines Tabaski « . Des sommes importantes  d’argent sont ainsi épargnées pour être dépensées en tissus et parures.

Inspirée des systèmes d’épargne communautaire, la  » Tontine Tabaski  » dure généralement 50 semaines. Les participantes s’acquittent hebdomadairement d’une somme forfaitaire qui est gardée par une trésorerie. L’argent cotisé est mentionné dans des carnets individuels . Ainsi, des crédits sont octroyés à tout membre désireux avec des intérêts qui varient entre 5 ou 10 %.

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Dans cette manière, les emprunteuses vont continuer à épargner tout en s’acquittant de la dette contractée. Le paiement est étalé généralement en 4 semaines aux emprunteuses. Ce qui génére des ressources additionnelles partagées entre tous les membres de la  » Tontine Tabaski  » à la veille de chaque fête de l’Aid El Kebir.

Si certaines se limitent à acheter des habits simples pour elles et les enfants pour investir le reste dans de petits commerces pour fructifier leur dû, d’autres, en revanche, s’adonnent à du véritable gaspillage en dépensant tout leur épargne dans des habits, perruques, chaussures et sacs de luxe contrefaits, à des prix exorbitants. 

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Elles dépensent sans compter en étalant soieries et broderies. Un semblant de luxe acquis à coup de milliers de francs pour avoir l’air d’une nantie le temps d’une soirée de fête. Le seul fait d’occuper les sujets de conversation à cause de sa belle mise suffit à beaucoup d’entre elles.

Et pourtant, certains pères de famille pris au piège de l’inflation qui a atteint des proportions inquiétantes participent maintenant à la  » Tontine Tabaski « . Ceux-ci, par contre, épargnent pour assurer le prix du bélier ou subvenir aux dépenses indispensables liées à la fête. Loins du gaspillage, ils en ont fait un moyen d’épargne abouti.

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La Tabaski est certes une fête importante pour tout musulman qu’il faut célébrer. Elle est la commémoration du sacrifice et marque la fin du Hajj, le pèlerinage annuel à La Mecque. Pour les musulmans, cette fête rappelle les bienfaits d’Allah et montre combien il est important de se soumettre à Allah.

Mais rien ne justifie ni n’autorise le gaspillage. Parce que la loi  » 67-04 du 24 février 1967 contre les gaspillages dans les cérémonies familiales et religieuses  » initiée du temps du Président Léopold Sédar Senghor visait à interdire le gaspillage dans les cérémonies ». Des décennies après, elle peine à être appliquée et le même débat se pose encore.

De plus, Le Coran dans la Sourate Al-Acrâf, verset 31 met en garde les êtres humains contre le gaspillage. « Ô enfants d’Adam, dans chaque lieu de prière, portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez ; et ne commettez pas d’excès, car Il [Allah] n’aime pas ceux qui commettent des excès. »

Pulicité